Qu'est-ce que l'approche tissulaire de l'ostéopathie ?
(Texte tiré des propos de Pierre TRICOT, ostéopathe D.O.)
Corps vivant, corps conscient
Voilà l'hypothèse à partir de laquelle Pierre Tricot a développé l'approche tissulaire en ostéopathie.
Concevoir le système corporel comme conscient oblige le praticien à modifier complètement sa manière de l'aborder : d'objet sur lequel agir, il devient sujet avec lequel communiquer.
Le système corporel n'est pas seulement conscient, il est également extraordinairement complexe. Reconnaître, accepter, composer et communiquer avec cette complexité oblige à collaborer avec le vivant pour l'aider à recouvrer harmonie et santé.
En s'adressant au vivant comme à une conscience le praticien englobe et unifie le système corporel.
Les paramètres palpatoires
L’approche tissulaire de l’ostéopathie repose sur des paramètres palpatoires objectifs tels que la densité, la tension et la vitesse, et sur des paramètres palpatoires subjectifs tels que la présence du praticien, son attention, et son intention.
La rétention
Le concept de rétention : une structure corporelle (faite de consciences), face à l’adversité, a tendance à réduire sa communication et à se replier sur elle-même, ce qui crée la densité, la tension et l’inertie que les mains perçoivent.
L’organisation du cas ostéopathique
A partir de la modélisation de la rétention, il est possible de concevoir comment peut se créer et se développer un ensemble de rétentions/adaptations au sein du système corporel, ensemble qui conduit à la création du « cas ostéopathique » tel que nous le comprenons.
Un modus operandi
Une fois compris (ou plus exactement modélisé) la création et le développement du cas ostéopathique, il faut trouver un chemin pour aider le patient à s’en libérer.
Le développement de ces rétentions/adaptation crée très rapidement une inextricable complexité, inhérente à l’histoire personnelle du patient, et donc totalement personnelle, défiant toute systématisation intellectuelle du praticien.
Les réponses quant au chemin à prendre pour débrouiller le cas ostéopathique sont donc dans la structure même du patient et non dans la tête du praticien.
Le modus operandi ou mode opératoire est le système développé pour aborder le cas du patient, le débrouiller afin d'y découvrir les informations pertinentes concernant sa libération.
Le modus operandi est un chemin, ou plus exactement une manière de cheminer (parce que le chemin n’est pas connu d’avance, mais s’ouvre progressivement au fur et à mesure du déroulement de la séance), mais il comporte également un ensemble de techniques permettant de déblayer les obstacles au moment opportun.
Plus loin avec les consciences
Grâce au travail avec le modèle de la conscience et grâce, notamment, à Jean E. Charon (L’esprit cet inconnu), Stéphane Lupasco (Les trois matières) et Arthur Koestler (Janus), Pierre Tricot en est arrivé à concevoir toute matière comme manifestation de conscience.
Évidemment, pour un esprit rationaliste scientiste occidental, une telle proposition peut choquer. Pourtant, elle n’est ni nouvelle, ni originale. Nombre de philosophies anciennes l’expriment et, plus près de nous, de grands esprits comme Emmanuel Swedenborg et Gottfried Wilhelm Leibnitz ont formulé des hypothèses similaires.
On peut alors envisager un système vivant comme une juxtaposition de « couches » de consciences qui intéragissent les unes avec les autres, les unes sur les autres.
Où s’arrête la globalité ?
La considération des consciences juxtaposées et l’évidente constatation qu’un être humain n’est pas qu’un amas de chair et de sang nous amène à la question : jusqu’où aller dans la considération de la globalité ? Cette question peut sembler anodine mais elle est pour nous essentielle, puisqu'un des fondements de l'ostéopathie, c'est justement, la globalité.
Cette globalité, l’arrêtons-nous au système corporel (en tout cas tel qu'on peut l'envisager physiquement parlant) ? Ou bien doit-elle englober la psyché et/ou le mental est s'il en est ainsi, pourquoi s'arrêter là et ne pas aller jusqu'à l'être ?
Conscience et mémoire
Notre modèle postule qu’avec la conscience existe également la mémorisation ce qui est vécu. Ainsi, le système corporel renferme-t-il une quantité phénoménale d’informations sur ce qu’il a vécu depuis sa conception. Il semble même véhiculer des informations transmises par les lignées ancestrales.
La communication tissulaire permet d’accéder à des niveaux d’expression de la vie qui dépassent largement le strict cadre corporel : les tissus manifestent des difficultés dont l’origine n’est pas seulement reliée à la conscience corporelle, mais également à celle de l’être et de son psychisme. Ainsi, le système corporel nous apparaît aujourd’hui comme une voie de passage privilégiée sinon obligée pour accéder à ces niveaux plus subtils.